Alors que le président de la République appelle de ses vœux un « pacte de vie travail » et que la question du remboursement des arrêts maladies agitent la sécurité sociale et le patronat, le cabinet Workplace Options présente aujourd’hui la 6ème édition de son baromètre de l’absentéisme réalisé par BVA People Consulting auprès de 303 DRH et 1 500 salariés en mai 2023. Une occasion unique de mesurer à la fois la situation à laquelle sont confrontées les entreprises mais aussi l’impact de la pandémie sur la problématique des arrêts de travail.
Chiffres clés
- 31% des arrêts de travail (hors maladies ordinaires) sont liés à des problématiques mentales dont 18% sont liés au travail
- 28,6% d’augmentation du taux d’absentéisme depuis 2014
- 58% des salariés ne posent pas d’arrêts alors que cela le nécessiterait (+14 points depuis 2019)
- 61% des DRH pensent que certains arrêts maladies ne sont pas justifiés par des raisons médicales
- 51% des salariés déclarent avoir reçu un soutien de leur employeur à l’occasion de leur retour après un arrêt long, (+15 points depuis 2019)
- Le coûts des arrêts de travail représente 18% de la masse salariale
Revue de détails et explications
« Le bilan que dresse cette étude est riche d’enseignements qui sont à la fois inquiétants et positifs. Si la santé mentale occupe la 1ère place des causes d’arrêts, il y a fort à parier qu’il s’agit d’un impact durable des années de pandémie. La hausse de l’absentéisme chez les encadrants et les jeunes montre une plus grande exigence sur les conditions de travail et traduit peut-être un changement du rapport au travail des Français dans un contexte de marché du travail plus favorable, et va dans le sens de la préconisation du CESE qui propose d’inscrire l’écoute des salariés parmi les principes généraux de prévention du code du travail dans son avis du 25 avril dernier. Par ailleurs, alors que le nombre de jours de télétravail fait débat, l’étude apporte un éclairage intéressant sur l’impact du télétravail sur l’absentéisme » commente Christian Mainguy, Consultant Senior global de Workplace Options.
La santé mentale à la 1ère place des causes d’arrêts maladies
Hors maladies ordinaires, les problématiques mentales représentent désormais la première cause d’arrêts, avec 31% dont 18% sont liés au travail (épuisement professionnel, anxiété, tensions psychologiques…) et 17% à des motifs non liés au travail (stress, dépression, anxiété…). Ce mouvement, déjà amorcé en 2019, semble avoir trouvé avec la pandémie un accélérateur. Sur l’ensemble des salariés les maladies ordinaires représentent désormais 13% des arrêts, les problématiques mentales 12%, les TMS 8%, les longues maladies 4%. Parmi les DRH, l’évolution est particulièrement significative, ils sont désormais 78% à rencontrer des arrêts de travail pour motifs psychologiques non liés au travail (contre 36% en 2019) et plus encore, 81% (34% en 2019) à des situations de travail de type conflit, épuisement professionnel, anxiété ou tensions psychologiques.
Explosion des arrêts liés aux situations de travail en 9 ans
Qu’il s’agisse de tensions liées à l’organisation du travail (15%), de difficultés liées aux pratique managériales de l’entreprise (11%) ou des pratiques managériales du manager de proximité (10%), les arrêts liés au travail représentent 36% des arrêts, contre 20% uniquement en 2014. Parallèlement la part des arrêts pour une maladie non liée au travail a chutée de 64% en 2017 à 53% en 2023 et les difficultés liées à la vie personnelle ont cru légèrement de 9% en 2017 à 11% en 2023. Ce constat chez les salariés est corroboré par les DRH, pour lesquels 38% des arrêts ont pour principale cause le travail (et notamment le vécu de la charge de travail pour 14%, les difficultés liées aux pratiques managériales pour 9% ou les tensions liées à l’organisation du travail pour 7%), et 53% la maladie elle-même.
Le niveau d’engagement des salariés impacte les arrêts maladies
Le niveau d’engagement des salariés, mais aussi sa nature est ici déterminant, ainsi 55% des salariés qui jugent leur engagement excessif sous la contrainte de l’organisation attribuent leur arrêt au travail, ils ne sont plus 38% parmi ceux qui déclarent avoir un engagement excessif mais l’avoir choisi, 17% chez ceux qui jugent leur engagement normal et 29% dans le cas où ils le jugent faible. Enfin, 36% des salariés déclarent que leur niveau d’engagement a des effets négatifs sur leur santé… c’est notamment 60% chez ceux ayant un engagement excessif par nécessité, poussé par leur travail/entreprise, mais aussi 43% quand cet engagement excessif est un choix, une manière de fonctionner ou 34% en cas d’engagement faible. Même constat chez les DRH, 38% estiment que la première raison des arrêts de travail est liée au travail lui-même (14% sur le vécu de la charge de travail, 9% les pratiques managériales de l’entreprise, 7% l’organisation du travail, etc.), et 53% à la maladie elle-même.
Une progression constante du taux d’absentéisme entre 2014 ET 2023
Depuis 2014, le taux d’absentéisme a connu un taux de progression annuel de 2,83 %. 39% des salariés ont été arrêtés au moins une fois au cours des douze derniers mois ce qui constitue là aussi une hausse de près de 15% sur la période, et par rapport à 2019 de 8%. La part des salariés déclarant avoir été en arrêt de travail sur l’année écoulée est plus importante chez les plus jeunes (45% chez les 18-29 contre 36% en 2019 et 47% chez les 30-39ans contre 38% en 2019) et chez les encadrants (43% contre 34% en 2019). Confrontés à cette situation, les DRH sont 54% à déclarer que le nombre d’arrêts de travail a progressé lors de l’année précédente, ils n’étaient que 28% en 2019. Une progression que 28% déclarent forte et 26% légère.
Un taux d’absentéisme plus faible chez les télétravailleurs
Le taux d’absentéisme varie très fortement selon les situations de travail, et les modalités du télétravail. Deux catégories de salariés ont des taux d’absentéisme très élevés :
- Ceux qui ne pratiquent pas le télétravail avec 4,6%,
- Les salariés à 100% en télétravail avec 5,7%
En revanche le taux d’absentéisme n’est que de 2,2% chez les télétravailleurs au global, avec 1,6 pour ceux ayant 3 jours par semaine ou plus, 2,3% dans le cas où ils disposent d’un ou deux jours par semaine et 2% lorsque cela est occasionnel. Autre élément clé concernant les télétravailleurs, le niveau de flexibilité. Ainsi le fait de disposer de jours flexibles réduit le taux d’absentéisme à 1%, quand il est de 3,2% avec des jours fixes.
Une durée moyenne des arrêts en légère diminution
Les arrêts de courte durée (de 1 jour à 3 mois) sont globalement en très légère hausse, avec cependant un effet ciseaux marqué par la diminution des arrêts de d’une semaine à trois mois (28% contre 34% en 2019) mais une hausse de 6 points des arrêts de 4 jours à une semaine (désormais 29% des arrêts contre 23% en 2019)
Le présentéisme renforcé par le télétravail
Cette nouvelle vague du baromètre confirme l’importance du présentéisme et la manière dont le télétravail le transforme : face à une difficulté nécessitant un arrêt maladie, 58% des salariés ne posent pas d’arrêts (en hausse de 14 points !) : 32% se rendent à leur travail, 10% préfèrent poser un congé (CP ou RTT) mais surtout désormais 16% travaillent en télétravail. Parmi ceux qui posent leur arrêt de travail, 22% le font sans hésiter et 20% le posent avec une certaine appréhension.
De la même manière, alors que leur état de santé le nécessitait, 47% des salariés ont continué à travailler (une fois 25% et plusieurs fois 22%), et c’est notamment le cas chez ceux qui ont une charge de travail importante et peinent à y faire face (67%). Les raisons sont aujourd’hui comme hier principalement liées au refus de voir son salaire baisser (42%, et notamment 56% chez les ouvriers et 52% chez les employés), mais aussi plus qu’avant (27% contre 18% en 2019) par peur d’être mal perçu par son supérieur ou ses collègues (notamment chez ceux qui ne sont pas en télétravail…).
Un impact sur l’organisation de l’entreprise
L’impact des arrêts de travail est pour les DRH avant tout caractérisé par une diminution de la productivité (25%) et …par l’augmentation de la charge pour les collègues (21%) et la nécessité de recrutements supplémentaires (20%). Ainsi s’ils prennent en compte l’aspect productivité, c’est aussi et surtout pour minimiser le risque que fait porter aux autres salariés le risque d’une surcharge de travail.
Le coûts des arrêts de travail représente 18% de la masse salariale
Ces mêmes DRH sont par ailleurs 67% à déclarer avoir une idée du coût des arrêts de travail sur les coûts directs de l’entreprise (27% une idée précise) et 69% sur les coûts indirects (25% une idée précise), et ils estiment globalement que l’ensemble de ces coûts représente 18% de la masse salariale. Enfin pour 61% des DRH, certains arrêts maladies ne sont pas justifiés par des raisons médicales, et ils évaluent à 22% la part des arrêts qui ne seraient pas justifiés par des raisons médicales sur l’ensemble des arrêts de travail
Une gestion du retour à l’emploi des salariés plus fine
Le retour au travail après un arrêt de longue durée (plus de 3 mois) est jugé par 78% des salariés comme un moment angoissant (en baisse de 6 points) et 55 % des salariés ayant connu un arrêt long jugent que leur retour a été satisfaisant. 51% déclarent qu’ils ont reçu un soutien de leur employeur à l’occasion de leur retour, soit 15 points de plus qu’en 2019, avec notamment du temps partiel au départ (42%, 28% en 2019), des ajustements du poste de travail (31%, 19% en 2019). En revanche, moins qu’en 2019, et cela se retrouve dans l’enquête sur les DRH, ce soutien est passé par une prise de nouvelles de la part de l’entreprise pour savoir comment allait le salarié (29% contre 59% en 2019).
Côté DRH, 55% déclarent qu’ils ont mis en place des mesures de soutien pour accompagner le retour au travail des salariés après un arrêt de longue durée, soit 13 points de mieux qu’en 2019. Si le fait de prendre des nouvelles n’est plus qu’à 63% contre 93% en 2019, ils sont 86% à faciliter les ajustements de fiches de postes (86% contre 70% en 2019).
Les DRH stressés et confrontés à de nombreux défis
Les DRH déclarent que 22% de leur temps de travail est consacré aux problématiques individuelles des salariés, 91% estiment que les compétences pour exercer leur métier subissent des évolutions importantes (83% en 2019) et 83% (74% en 2019) que leur entreprise vie des évolutions importantes. Dans ce contexte très mouvant, et ou la part de la dimension humaine autour des problématique individuelles est forte, 55% s’estiment stressé…là ou en 2019 ils n’étaient que 28%
Résultats détaillés de l’étude disponibles sur demande
Méthodologie : Enquête réalisée par BVA People Consulting pour Workplace options par Internet, du 5 au 16 mai 2023 auprès de 1 500 salariés d’entreprises de plus de 50 salariés et auprès d’un échantillon représentatif de 303 DRH. La représentativité de l’échantillon des salariés a été assurée par la méthode des quotas, appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, taille d’entreprise et secteur d’activité. La représentativité de l’échantillon des DRH est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : secteur d’activité, taille d’entreprise et région.
À propos de Workplace Options
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