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  • 20 octobre 2023
  • 7 mois

Au sortir du Burn-out : témoignages / Volet 3

Marie Martin

Psychologue - Coordinatrice clinique & professionnelle Service Réadaptation

Se remettre d’un Burn-out (BO) nécessite du temps, de la bienveillance, du soutien et le recours à l’aide de professionnels. Pour la personne, ce n’est pas un évènement de vie dont elle peut se remettre avec quelques semaines de congés. Pour le collectif professionnel, cela amène à une réflexion de l’organisation du travail et du poste du salarié. Des deux côtés, un changement en profondeur doit être amorcé.

Nous avions introduit le sujet du BO : définitions, facteurs de risques, prises en charge et prévention. Dans ce dernier volet, nous vous présentons le témoignage de 2 personnes, accompagnées par le service Réadaptation « retour à un équilibre de santé et à la vie active », qui relatent leur reconstruction post BO.

L’arbre de vie, Gustav KLIMT, 1909

Questions à Madame Y, bénéficiaire du service Réadaptation WPO, en fin d’accompagnement :

  • Comment s’est manifesté votre état d’épuisement professionnel ?

J’étais surchargée au travail. Le professionnel passait au-dessus du personnel. J’avais l’impression de ne faire que travailler, sans reconnaissance. Avec le recul, je peux dire que le BO m’a presque sauvé la vie. J’ai pris conscience de ma situation : je n’avais que mon réseau professionnel, plus d’ouverture à la vie sociale.

  • Pouvez-vous nous décrire les impacts du Burn-out sur votre état de santé global ?

C’était un épuisement total : je n’avais plus de force, plus d’énergie, plus d’envies. J’étais à la limite du syndrome de Diogène[1]. J’étais un zombie, je ne sortais plus de chez moi. On ne peut plus faire de projet en BO, même faire une marche c’est compliqué.

  • Qu’avez-vous mis en œuvre pour vous reconstruire ? Quels bienfaits en retirez-vous ?

Pour réactiver mon cerveau, j’ai pris des cours d’italien, ça m’a fait beaucoup de bien et j’ai recréé du lien social. J’ai vu 2 psychologues, un avec qui je n’avais pas le sentiment d’avancer et une autre qui m’a aidée sur des sujets mais j’avais besoin de plus : j’avais besoin d’être guidée.

Début 2023, j’ai intégré le dispositif Réadaptation WPO. Je bénéficie d’un accompagnement par une psychologue du travail auprès de qui j’ai trouvé la guidance dont j’avais besoin : elle me pousse vers le haut, me soutient. Depuis 3 mois, nous avons amorcé la réflexion sur mon nouveau chemin professionnel.

J’ai pu bénéficier d’un stage de ressourcement post-BO, tout en bienveillance et sans jugements, qui m’a fait énormément de bien et permis d’opérer une réelle coupure. J’ai rencontré des personnes formidables, nous sommes toujours en contact et nous soutenons. J’y ai suivi des cours de yoga, de relaxation, participé à des groupes de travail sur le BO. Tous ces suivis m’ont apporté de la confiance en moi.

Comment vous portez vous actuellement ? Que faites-vous pour vous préserver ?

Je me sens mieux : c’est la nouvelle moi. Je retrouve de la motivation, l’envie de faire des choses : trier la maison, mettre en place de nouvelles choses comme un atelier relaxation auquel je viens de m’inscrire. Je sens que je suis en train de sortir du BO. Surtout, je passe beaucoup plus de temps avec mes enfants, avant j’étais toujours au travail. J’ai envie de voyager, de profiter de la vie. Je fais de nouveaux projets, du jardinage, des travaux chez moi. Je me fais plaisir.

  • A ce jour, où en êtes-vous dans votre parcours post BO ? Comment vous projetez-vous ?

Je suis à 7/8 sur 10 en état de forme. J’ai retrouvé des envies professionnelles. J’y vais par étape, pas à pas.

Actuellement, je suis en pleine démarches professionnelles. J’ai plusieurs projets professionnels en réflexion dont certains en lien avec mon nouveau réseau social. J’ai candidaté à un nouveau poste dans mon entreprise, j’attends la réponse. Durant mon BO, je n’avais plus de vie sociale. A l’avenir, je souhaite avoir un travail avec un équilibre de vie, avec du lien et en accord avec mes valeurs.  

  • Que souhaiteriez-vous ajouter ?

C’est difficile pour l’entourage, personnel et professionnel, de comprendre le BO. Les traitements médicaux offrent une béquille. L’activité physique fait beaucoup de bien. Il ne faut pas culpabiliser d’être en BO. Le temps est nécessaire pour se remettre, il faut s’accorder ce temps.

 

Questions à Monsieur Z, bénéficiaire du service Réadaptation WPO, accompagné il y a 2 ans

  • De quelle façon avez-vous réalisé que vous vous trouviez en situation de Burn-out (BO) ?

Après 3 semaines de congés, je me suis préparé pour retourner au travail. Au moment de partir, je me suis écroulé en larmes. J’ai pris rdv avec mon médecin traitant, le rdv a duré 1H30, je me suis de nouveau écroulé. C’est lui qui a posé les mots d’épuisement professionnel. Il m’a mis en arrêt, qui devait durer une semaine, 15 jours. C’était en 2019, 4 ans plus tard je peux en parler sans pleurer.

  • Au début de votre arrêt de travail, comment vous êtes-vous senti ? De quoi aviez-vous besoin ? 

J’étais perdu, pour moi c’était simplement de la fatigue, je n’arrivais pas à réaliser. J’avais besoin d’être rassuré. J’ai mis 2 mois à pouvoir entendre le mot Burn-out.  Mon médecin m’a incité à couper tout contact avec mon travail, j’ai dû me forcer, j’y pensais beaucoup. Pendant 3 mois, j’ai culpabilisé d’être en arrêt par rapport à mon équipe. J’avais besoin de savoir comment ça se passait pour eux. Depuis 2 ans, nous étions en pleine réorganisation ; je les protégeais, je jouais le rôle de paratonnerre. J’ai dû lâcher de force.

  • Comment avez-vous trouvé la force pour rebondir ?

Ça s’est fait par étapes. Pendant les premiers mois ça a été compliqué ; j’ai suivi les conseils de mon médecin : sortir, se balader, faire du bricolage chez moi … mais ça ne me vidait pas la tête.

J’avais des troubles cognitifs : des difficultés de compréhension orale et écrite. Le médecin m’a proposé un traitement, je craignais les effets. Il a su me convaincre et m’en a prescrit un léger. Je n’ai pas constaté d’effets mais mon entourage m’a senti plus détendu. Progressivement, j’ai déconnecté. Le médecin conseil de la sécurité sociale m’a dit de prendre du temps et soin de moi, que je récupérerai par paliers. J’ai pris conscience que j’avais besoin d’être au calme. Le temps a passé, je me suis investi dans l’association de parents. J’y ai vu l’occasion de retrouver un fonctionnement de groupe sans pression et de me tester sur une activité. J’ai fait de belles rencontres et recréé du lien.

  • Comment avez-vous été accompagné durant votre arrêt ?

Au début, je ne voyais que mon médecin qui a été de très bons conseils. Il m’incitait à voir un psychologue, j’ai essayé mais ça n’a pas matché. Le médecin du travail m’en a recommandé, ça m’a rassuré. J’ai rencontré une psychologue qui a une méthodologie rigoureuse et pertinente, avec qui ça a bien accroché.

Ensuite, j’ai eu l’appel d’une coordinatrice du service Réadaptation : j’ai eu les explications du cadre d’intervention et des suivis possibles. Le principe de confidentialité m’a beaucoup rassuré. J’ai eu un suivi physique spécifique pour détendre mon dos : du atha yoga. J’ai appris quoi faire pour me préserver (postures, mouvements) et quand m’arrêter. Ma psychologue a été intégrée à l’équipe pluridisciplinaire pour poursuivre le travail entamé. J’ai eu un conseiller professionnel, une belle rencontre également, pour me préparer au retour à l’emploi. Ce travail sur moi m’a permis de comprendre mon fonctionnement, mes limites, mes besoins et mes aspirations professionnels mais aussi mes liens aux autres. J’ai compris l’importance de l’environnement professionnel, j’ai appris à m’écouter, à me faire confiance et à repérer des schémas répétitifs afin de ne plus les reproduire dans ma prochaine activité. Les intervenants m’ont enseigné des méthodes pour faire face aux situations qui me mettaient en difficultés.

  • Avec le recul, qu’en retirez-vous ? Quelles stratégies mettez-vous en place pour vous préserver ?

J’ai en tête l’analogie d’une cicatrice : quand elle se referme on est plus fort, plus résistant.

J’ai opté pour la création de mon auto-entreprise, il y a des hauts et des bas. J’avais très peur au début de mon activité. Entrepreneur, c’est un mode de fonctionnement particulier, qui nécessite de bien se connaitre. Je veille à conserver du lien avec les autres, notamment avec d’autres travailleurs indépendants. Je ne suis pas isolé, on se soutient : c’est un facteur de protection important. J’applique ce que j’ai appris : faire des pauses, des coupures, me ressourcer. J’ai réorganisé mon agenda pour y incorporer du sport. Je m’écoute plus et suis plus à l’écoute de mon entourage.

  • Que diriez-vous à une personne souffrant d’un BO ?

Depuis, j’ai rencontré de nombreuses personnes en BO. Actuellement, j’en parle souvent avec un collègue : on se conseille, on échange sur nos valeurs, sur comment se respecter, mettre des limites.

Je dirais à cette personne d’oublier son travail, de ne pas se donner de date butoir, de laisser le temps au temps, d’écouter les conseils des bonnes personnes, de se faire accompagner, de faire une activité physique douce, de prendre du temps seul, au calme. Je lui dirais de s’éloigner des personnes toxiques et surtout de s’écouter, de se faire confiance : « si vous ne le sentez pas, ne le faites pas ».

Ces 2 témoignages illustrent la temporalité nécessaire pour surmonter un épisode de BO. Nous y voyons l’importance du travail sur soi à mettre en place pour que ne se rejoue plus à l’avenir les mêmes scénarii grâce à un équilibre de vie retrouvé et, une vigilance à maintenir tant sur le quotidien professionnel que sur les choix d’environnement de travail. Enfin, nous constatons l’intérêt de s’entourer d’une équipe pluridisciplinaire pour soigner tous les domaines de vies impactés par le BO mais aussi pour amorcer et soutenir le ré-engagement social et professionnel.

« Chaque hiver abrite en son cœur un printemps qui frissonne et, derrière le voile de chaque nuit se profile une aube souriante. » Khalil GIBRAN  

[1] « Une forme de trouble comportemental associant une tendance à l’accumulation d’objets, une négligence de l’hygiène corporelle et domestique et, le plus souvent, un isolement social. » https://www.syndrome-diogene.fr/

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